Couverture ElectroniqueS n°127

Shoichi Iino, directeur général de la division Oled d'Epson, est catégorique : à terme, les Oled vont remplacer les LCD dans toutes les applications grand public, y compris celles nécessitant des grands formats. Quelle est la stratégie d'Epson concernant les écrans Oled ? Nous avons de grandes ambitions en ce qui concerne les afficheurs Oled à matrice active et sommes persuadés que cette technologie va, à terme, remplacer les écrans LCD-TFT dans toutes les applications grand public de loisirs. Les Oled ont le potentiel de supplanter les LCD pour des diagonales allant jusqu'à au moins 40 pouces. En 2007, nous allons commercialiser des afficheurs Oled multimédias moyens formats destinés à l'automobile ainsi qu'aux appareils nomades. Notre programme prévoit également la production d'écrans Oled grands formats dédiés à l'informatique et aux téléviseurs dès 2010. Cette technologie va en fait nous permettre de faire un pont entre nos petits afficheurs LCD à matrice active et nos systèmes de rétroprojection qui ciblent les diagonales de plus de 40 pouces. Les Oled grands formats nécessitent des matrices actives en silicium polycristallin basse température. Or, la diagonale de telles matrices n'excède pas 20 pouces aujourd'hui. De plus, elles sont plus coûteuses que celles, classiques, en silicium amorphe. C'est effectivement la limite aujourd'hui pour les matrices LTPS. Nous avons d'ailleurs réalisé notre prototype de 40 pouces en juxtaposant 4 matrices de ce type, sa raison d'être étant surtout de démontrer qu'il est possible de réaliser des Oled grands formats par une technique d'impression jet d'encre, peu coûteuse. En ce qui concerne la matrice proprement dite, il est important de pouvoir réaliser de grands formats sans avoir à juxtaposer plusieurs matrices car cette opération est déjà, en soi, relativement coûteuse. Nous pensons qu'il est possible de fabriquer des matrices LTPS en un seul morceau jusqu'à au moins 40 pouces de diagonale pour un coût qui n'excéderait pas de plus de 20 % celui d'une matrice en silicium amorphe. Le Taïwanais Chi Mei Optoelectronics a réalisé un prototype d'Oled piloté par une matrice active en silicium amorphe. N'est-ce pas une meilleure option que celle choisie par Epson ? C'est également une voie que nous étudions de près car nous pensons qu'elle a un potentiel important pour le futur. Mais pas le futur proche. Car, pour l'heure, il ne fait aucun doute que les matrices LTPS sont mieux adaptées au fonctionnement des Oled et permettent de sublimer leurs performances et de les rendre si attractifs par rapport aux LCD-TFT. Comment comptez-vous améliorer la durée de vie des matériaux Oled polymères que vous utilisez pour fabriquer vos afficheurs ? Notre choix d'utiliser des matériaux Oled polymères plutôt que des petites molécules a été dicté par notre volonté de développer une technique d'impression jet d'encre en phase avec nos compétences et surtout avec notre stratégie de produire des écrans grands formats à des coûts raisonnables. La technique de dépôt en phase vapeur utilisée pour les Oled à petites molécules n'autorise pas cela. En contrepartie, nous devons effectivement redoubler d'efforts pour accroître une durée de vie de l'ordre de 2000 heures, insuffisante pour les applications visées. Mais nous sommes confiants, car nous savons ce qu'il faut faire. La physico-chimie des matériaux Oled, notamment ceux émettant dans le bleu, est, évidemment, un point à améliorer. Mais ce n'est pas tout. Des améliorations sont possibles en optimisant le procédé de fabrication mais aussi la structure des écrans, notamment pour accroître leur rendement lumineux, ce qui va de pair avec une durée de vie accrue. Nous nous sommes raisonnablement fixés 10 000 heures à l'horizon 2007. Parmi les avantages des Oled que vous mettez en avant figure un coût moins élevé que celui des LCD-TFT. Pourriez-vous préciser ? Dans un écran LCD-TFT pour téléviseurs de 20 à 30 pouces de diagonale, le rétroéclairage, les polariseurs et les films comptent pour 56 % du prix de l'écran. Or aucun de ces composants n'entre dans la composition des écrans Oled, ce qui nous fait penser que cette technologie peut réduire d'au moins 50 % le prix des écrans grands formats. De plus, le coût potentiellement faible de l'impression jet d'encre devrait compenser le surcoût lié à l'utilisation d'une matrice LTPS. Epson dévoile 3 prototypes d'Oled Londres Epson a profité d'une conférence de presse londonienne, essentiellement axée vers son activité visualisation, pour présenter aux journalistes européens trois prototypes d'écrans Oled couleur à base de matériaux polymères. Utilisant des matrices actives en silicium polycristallin basse température, ces afficheurs de 2,1, 5,5 et 12,5 pouces (5,3 cm, 14 cm et 31,7 cm) de diagonale ont tous été fabriqués avec la technologie d'impression jet d'encre du Japonais. Les deux modèles les plus petits affichent une luminance de 120 cd/m2, un rapport de contraste de 200:1, un panel de 262 144 couleurs et une résolution de 130 pixels par pouce. La version de 2,1 pouces délivre, par ailleurs, une définition QCIF de 144 x 176 pixels et consomme 150 mW, alors que le prototype de 5,5 pouces se distingue par une définition de 560 x 420 pixels et une consommation de 2 W. Le modèle de 12,5 pouces (notre photo) présente, quant à lui, une définition VGA de 640 x 480 pixels (64 pixels par pouce), une luminance de 100 cd/m2, un rapport de contraste de 200:1 et un panel de 262 144 couleurs, le tout pour une consommation de 20 W. Cet écran délivre néanmoins des couleurs moins saturées que les deux autres afficheurs. On pourra également regretter qu'Epson n'ait pas dévoilé ici son prototype de 40 pouces de diagonale annoncé au printemps dernier (voir notre numéro du 27 mai).

« Les Oled vont remplacer les LCD jusqu’à 40 pouces »

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