Couverture ElectroniqueS n°127

La poursuite de l'offensive d'Intel sur le marché de l'embarqué a marqué le salon Embedded World. En parallèle, Arm introduit le Cortex-M0 : le match Intel-Arm dans l'embarqué ne fait que débuter. Côté logiciel, Linux et les applications dans l'automobile tenaient le haut du pavé. L'édition 2008, du salon Embedded World, qui s'est tenue du 3 au 4 mars dernier à Nuremberg en Allemagne, a été marquée par les annonces d'Intel et d'Arm sur le marché de l'embarqué. Rappelons que l'année dernière, Intel avait dévoilé son architecture (à l'époque sous le nom de code Menlow) sur ce même salon. Dès l'arrivée de ce processeur, gravé en technologie 45 nm, bénéficiant d'une consommation très basse (moins de 5 W pour des fréquences d'horloge jusqu'à 1,5 GHz) et qui conserve les instructions disponibles sur les processeurs Intel Core 2 Duo, les fournisseurs de cartes pour l'embarqué avaient immédiatement proposé des architectures basées sur cette technologie : l'allemand Lippert, avec une carte au format propriétaire Core Express, son compatriote Congatec (distribué en France par Atemation) avec son facteur de forme QSeven ou encore Kontron avec ses cartes au format nanoETXexpress. Cette année Intel a enfoncé le clou, en affirmant encore plus fortement sa stratégie de pénétration du marché de l'embarqué, via l'annonce de la déclinaison de l'Atom en gamme de température étendue. Regroupés au sein de la famille Z5xx, ces CPU sont conçus pour fonctionner entre - 40°C et + 85°C et visent avant tout les marchés industriels et automobiles. Et, comme l'an passé, très rapidement les vendeurs de cartes se sont mis au diapason en proposant d'ores et déjà des cartes architecturées autour de la famille Z55xx. Citons par exemple l'italien Eurotech avec sa carte au format PC/104 Plus, nommée Isis XL, l'allemand Kontron avec une carte unité centrale au format Pico-ITX (10 cm x 7,2 cm) dotée de quatre ports USB 2.0, d'une interface Gigabit Ethernet et de deux liens Serial ATA, son compatriote Congatec ave une plate-forme de développement d'applications industrielles basée sur un module processeur au format QSeven (70 x 70 mm), ou encore l'américain RadiSys avec un module processeur au format COM Express baptisé Procelerant CEZ5XL, doté de quatre liens PCI Express 4x. De son côté, Arm présentait sur le salon sa solution Cortex-M0 annoncée quelques jours plus tôt. Beaucoup plus simple que le Cortex-M3 (12 000 portes contre 43 000 portes), cette architecture, la plus petite de la série des Cortex, vise à remplacer avantageusement les processeurs 8 ou 16 bits du marché. En particulier pour les applications nécessitant la gestion d'une pile de protocole de communication ou la manipulation de larges quantités de données, tout en proposant une très faible consommation (85 µW/Hz pour un procédé de fabrication à 180 nm). Parallèlement, les architectures à base de Cortex-M3 poursuivent leur route sur le marché de l'embarqué. Lors du salon, STMicro-electonics annonçait un micro-contrôleur STM32 à base de Cortex-M3 doté d'une interface USB OTG (on-the-go) et deux contrôleurs de bus CAN 0B. Pour sa part, Luminary proposait pour la première fois sur sa série des Stellaris à base de Cortex-M3, le support de l'interface logicielle CMIS d'Arm (Cortex micro-controller software interface standard), une couche logicielle d'abstraction du matériel permettant la réutilisation et le portage de couches logicielles applicatives à travers différentes implantations matérielles. Côté chaîne de développement, IAR Systems introduisait sur le salon une des toutes premières solutions de débogage de trace, spécifiquement dédié au Cortex-M3, et baptisée J-Trace Tool. A travers ces annonces, on perçoit très bien le « combat des chefs » entre Intel et Arm qui va se dérouler sur le terrain de l'embarqué. D'autant plus que cette rivalité risque de s'exacerber suite à l'annonce d'Intel, juste avant le salon, de faire fabriquer ses processeurs Atom, avec son cortège de blocs IP compagnon, par le fondeur taïwanais TSMC, en parallèle avec la fabrication de cette puce dans ses propres usines. Les utilisateurs du processeur Atom auront donc pour la première fois accès à cette technologie sous forme d'IP auprès de TSMC, en technologie 45 nm. Avec à la clé une probable baisse des prix pour cette technologie. Linux au premier plan dans l'automobileEn matière de logiciel, MontaVista a profité du salon pour lancer son initiative M, qui a pour ambition de créer une communauté autour de Linux dans l'embarqué. L'idée est de favoriser l'émergence de liens directs entre ingénieurs et utilisateurs à travers une plate-forme Internet gérée par MontaVista. Il ne s'agit pas d'un projet open source, mais plutôt de créer une dynamique d'échanges d'informations technologiques propres aux contraintes des projets industriels basés sur briques logicielles open source. Des groupes de discussion pourront être créés à l'initiative des développeurs, et un système de filtre devrait permettre à celui qui vient sur la plate-forme de trouver le ou les interlocuteurs qui travaillent ou réfléchissent sur le même sujet (http://meld.mvista.com). Parallèlement, MontaVista annonçait le support de la plate-forme Moblin dans son offre. Rappelons que Moblin est une architecture logicielle, disponible en Open Source et soutenue par Intel avec la collaboration active de Wind River, qui vise à faciliter le développement de solutions logicielles applicatives sous un Linux installé sur le processeur Atom. Le marché des terminaux Internet mobiles (MID), des terminaux industriels ou multimédias est ici visé. L'apport de MontaVista va consister à fournir aux utilisateurs un véritable support de la pile logicielle Moblin via la fourniture de File Systems, de fichiers d'entrées/sorties, etc. A noter que ce créneau des terminaux Internet mobiles attire beaucoup MontaVista, puisque la société avait annoncé quelques semaines plus tôt sa plate-forme modulaire Montebello, reposant sur sa distribution Mobilinux et intégrant un navigateur Internet, des systèmes de messagerie, un agenda etc. Parallèlement, le monde de l'automobile s'intéresse lui aussi de très près à Linux. Ainsi, sur le salon, les discussions portaient sur la naissance de l'alliance industrielle Genivi. Créée à l'initiative des sociétés BMW, Dephi, General Motors, Intel, Magneti Marelli, PSA, Visteon et Wind River Systems, cette alliance a pour objectif de développer une plate-forme logicielle ouverte de référence pour tout ce qui a trait aux équipements de divertissement embarqués dans les véhicules automobiles (les systèmes dits d'infotainment, c'est-à-dire la vidéo, les systèmes de navigation etc.). Basée sur un système Linux (la première version de la plate-forme est développée autour du Linux de Wind River) installé sur un processeur Atom, la plate-forme logicielle Genivi devrait à terme permettre aux équipementiers de se différencier au niveau de leurs applicatifs en s'appuyant sur cette architecture Atom/Linux coopérative disponible en Open Source. Enfin, toujours dans l'automobile, Autosar continue son déploiement dans l'industrie, malgré un frein constaté dans les projets développés chez les équipementiers. On pouvait noter sur le salon, la société française Geensys qui poursuit son engagement sur ce standard en proposant pour la première fois un simulateur Autosar, baptisé Asim, qui travaille au niveau des couches VFB (Virtual function bus) et RTE (Run time environment) du modèle Autosar.

Les processeurs Atom et Cortex se sont fait remarquer lors du salon Embedded World

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