Couverture ElectroniqueS n°127

Faute de financement public, le RNRT (Réseau national de recherche en télécommunications) tente de trouver une alternative auprès d'une fondation de recherche qui serait créée fin mai par des industriels de ce réseau. L'incertitude est générale quant aux modalités de la poursuite du financement par les pouvoirs publics des réseaux de recherche et d'innovation technologique (RRIT), parmi lesquels figurent le RNRT dans les télécoms, le RMNT dans les micro-et nanotechnologies et le RNTL dans les logiciels. Comme l'an passé, le ministère de l'Economie a en effet décidé de mettre en réserve quelque 4 milliards d'euros de crédits pour contenir les dépenses de l'Etat, et va demander à tous les ministères de dresser la liste des postes budgétaires sur lesquels pourront porter ces gels de crédits. Cette mesure, dévoilée par notre confrère les Echos, pourrait avoir des répercussions sur le financement des RRIT, dont le gel avait déjà été décidé en 2003. Les projets stratégiques Eureka à fort contenu électronique (Medea+, Pidea+, Eurimus II, Itea), associant des partenaires européens, mais dont la participation française est soutenue par le ministère de l'Industrie, sembleraient, quant à eux, faire l'objet de moins d'inquiétudes.« Dans le contexte actuel, tous nos efforts sont portés sur le financement des projets déjà labellisés en 2003 », a expliqué Emmanuel Caquot, chef du STSI (Service des technologies de la société de l'information) au ministère de l'Industrie, lors du colloque annuel du RNRT qui s'est tenu à Metz les 30 et 31 mars derniers. En 2003, le RNRT a labellisé 13 projets précompétitifs (proches du marché) qui devaient recevoir 17,5 M d'euros de subventions de la part du ministère de l'Industrie, projets auxquels s'ajoute un projet spécifique sur la simulation des champs électromagnétiques à proximité des émetteurs radio qui a été labellisé début 2004. Ce dernier, qui réunit 19 partenaires, a reçu l'engagement d'être soutenu à hauteur de 0,5 M d'euros par le ministère de l'Industrie(*). Il était question de financer la moitié de ces projets avant l'été et la totalité d'entre eux d'ici la fin de l'année. Mais compte tenu des nouvelles mises en réserve de budget décidées par le ministre de l'Economie, Nicolas Sarkozy, ce calendrier de financement pourrait être remis en question. Six projets exploratoires (c'est-à-dire concernant la recherche amont) ont par ailleurs été labellisés en 2003. Ils ont d'ores et déjà été notifiés par le ministère de la Recherche et ont obtenu leurs premiers financements. Ils devraient bénéficier, au total, de 7,36 M d'euros de subventions en 2004.Report des appels à projetsConcernant les perspectives pour 2005, les ministères concernés ont suggéré aux responsables des RRIT d'attendre le mois de juillet pour lancer des appels à projets. Le RNRT, qui lance habituellement un appel à projets au premier trimestre de chaque année, s'est conformé à cette recommandation et a décidé de reporter ce lancement au 3e trimestre 2004. La labellisation des projets pourrait ainsi intervenir courant décembre (au lieu de mai comme cela était prévu initialement).D'ici le lancement de cet appel à projets, les orientations budgétaires pour l'an prochain et les modalités de la réforme des RRIT, qui est actuellement en cours, devraient être connues. Si le RNRT ne semble pas être remis en cause dans son fonctionnement actuel, d'autres RRIT, notamment le RMNT, devraient se regrouper avec d'autres plates-formes technologiques pour parvenir à des économies d'échelle.Pour développer ses capacités de financement, le RNRT travaille par ailleurs à la création d'une fondation de recherche. Cinq ou six industriels participant activement au RNRT, qui souhaitent que leurs noms restent confidentiels, devraient se regrouper fin mai au sein de cette fondation. Cette dernière devrait permettre d'assurer le financement des projets exploratoires qui seront labellisés en 2004, quelles que soient les décisions qui seront prises dans le cadre du budget 2005. « L'idée de cette fondation n'est pas de se substituer au financement public, mais d'amplifier le système actuel et de montrer que les industriels sont capables de se mobiliser pour faire vivre ce réseau de recherche auquel ils tiennent », explique Françoise Boudin, secrétaire du RNRT au ministère délégué à la Recherche. Un recours à la BEI (Banque européenne d'investissement) est également envisagé dans le cadre des démarches globales engagées par les pouvoirs publics français auprès de cette institution européenne.(*) La liste des projets labellisés en 2003 est consultable sur le site du RNRT : www.telecom.gouv.fr/rnrt/index_exp.htm, puis cliquer sur le lien “ Projets labellisés ” sur la partie gauche de la page qui s'affiche.Le RNRT, un réseau de recherche qui a fait ses preuvesMis en place en 1997, le RNRT (Réseau national de recherche en télécommunications) est, historiquement, le premier des réseaux de recherche français instaurant un partenariat entre entreprises et laboratoires de recherche publics. Il traite à la fois d'innovations technologiques en matière de télécommunications et de l'étude des usages pour la création de nouveaux services. Il s'intéresse au futur de l'Internet, aux prochaines générations de téléphones mobiles multimédias, aux objets communicants, etc. Le RNRT mobilise en moyenne 650 chercheurs à temps plein (dont 210 provenant des grands groupes, 100 des PME et 310 des laboratoires publics). A l'occasion du colloque du RNRT 2003, les ministères de l'Industrie et de la Recherche ont annoncé le renouvellement du mandat de ce réseau. Selon une évaluation menée par la société Technopolis, qui a rendu ses conclusions en octobre 2002, le RNRT a en effet « pleinement atteint son objectif » de structurer durablement le secteur de la recherche en télécoms suite à l'ouverture du capital de France Télécom et à la mutation de son activité de R&D. Sur 220 projets labellisés entre 1998 et 2004, 138 ont à ce jour été menés à leur terme. Ils ont donné lieu à 127 dépôts de brevets, 1113 publications, 101 contributions à des standards, et 12 essaimages.

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