Couverture ElectroniqueS n°127

Pour Jean-René Jecko, président de l'Adeiso et par ailleurs directeur stratégie et développement régional chez Thales, l'association aquitaine peut pleinement jouer son rôle de mise en relation dans le pôle de compétitivité Aerospace Valley. A l'occasion du récent Forum électronique aquitain, le débat concernant les PME dans le pôle de compétitivité Aerospace Valley a attiré nombre de participants. Quel a été le rôle de l'Adeiso dans la montée en puissance de ce pôle ?Jean-René Jecko : Aerospace Valley, le pôle de compétitivité des deux Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées dédié aux systèmes embarqués, intéresse énormément les PME. Cela a été particulièrement visible dans le cadre du Forum parce que des projets englobant des PME ont déjà pu être concrétisés grâce à l'implication de l'Adeiso. En fait, au plan de la « philosophie » des coopérations, l'Adeiso était en avance sur le pôle. L'objectif du pôle consiste en effet à faire travailler ensemble des entités qui, a priori, ont des structures et des cultures différentes mais une même motivation pour atteindre un objectif donné. Or, depuis sa création, l'Adeiso a eu la bonne idée de faire coopérer tous les partenaires d'une même filière, en y incluant aussi bien les industriels grands et petits que les scientifiques avec leurs activités de R&D. Grâce à une bonne connaissance des compétences de ses adhérents, l'Adeiso peut ainsi également contribuer à la concrétisation de partenariats dans le cadre du pôle de compétitivité. J'ai ainsi pu faire rentrer dans des projets du pôle Axyz et Be Tomorrow deux PME membres de l'Adeiso, l'une spécialisée dans les jeux vidéo avec des images mobiles et l'autre dans les images 3D. Les techniques qu'elles avaient développées sont très importantes dans les systèmes de drones où il est nécessaire d'afficher des images de synthèse de toute sorte.Notre rôle est d'être à l'écoute des projets des sociétés et de mettre en relation des partenaires potentiels. Ce travail est peut-être un peu plus simple en Aquitaine, avec une seule société – Thales – principalement active dans l'aéronautique, qu'en Midi-Pyrénées, où il y a plusieurs grands groupes, Alstom, Siemens et d'autres. A la lecture des détails des projets, j'ai tenté un rapprochement des compétences existantes. Toutefois, le rôle et la définition des activités des PME au sein des pôles ne sont pas évidents. Cela parce que les projets très amont exigent des PME qu'elles soient de véritables partenaires nécessairement autonomes, ce qui demande une certaine structure.Quelles sont les grandes difficultés rencontrées par les PME dans le cadre du pôle de compétitivité ?Jean-René Jecko : Pour les PME, la question la plus récurrente concernant les pôles est « comment rentrer dans un projet ? ». Elles doivent apprendre à se positionner sur un projet donné avec leur structure, leurs compétences et leur potentiel d'innovation. Autrement, elles ne peuvent pas être considérées comme des partenaires égaux.La deuxième grande question porte sur le partage de la propriété industrielle et intellectuelle. Il y a des PME qui vivent de l'innovation. Mais comment partager les développements au-delà du domaine d'applications directement issu des projets du pôle de compétitivité ? Quelles sont les frontières à l'utilisation des innovations développées en commun ? Ce sont là encore des points d'interrogations qui peuvent bloquer certaines PME. Le fait de penser que si on rentre dans un projet il va falloir travailler et mettre des compétences en commun avec d'autres industriels, grands groupes ou PME, qu'on connaît et/ou qui sont concurrents, est un frein réel. Il y a aussi la question des brevets. Nous manquons de recul à ce niveau. Par contre, il existe aussi des PME qui ne sont pas très motrices. S'engager dans des projets au sein du pôle demande un réel esprit d'ouverture.Quelle démarche conseillez-vous aux PME afin d'entrer dans des projets du pôle ?Jean-René Jecko : Les PME doivent être très proactives et effectuer d'elles-mêmes la démarche d'aller regarder l'intitulé et les contenus des projets. Et ce sans oublier qu'un certain autofinancement est à prévoir. Pour obtenir des subventions, les PME doivent se comporter comme de vrais partenaires et non pas uniquement comme des sous-traitants. En outre, contribuer aux travaux exige de signer d'emblée des contrats bien ficelés et détaillés concernant les domaines d'applications, afin de se prémunir en termes de protection intellectuelle.L'Adeiso tente aussi de pousser les PME à participer au pôle de compétitivité en les encourageant à porter directement des projets. Cela demande du temps, de l'énergie, et exige aussi la mise en place de structures. En Midi-Pyrénées, il existe déjà des projets portés par des PME dans le cadre d'Aerospace Valley. Mais cela semble plus difficile en Aquitaine car le tissu industriel y est très orienté aéronautique militaire, avec plus de développements classés « secret défense » comportant un volume accru de réalisations en interne et moins en sous-traitance. C'est tout le contraire à Toulouse, où l'orientation est plus aéronautique civile. Notre démarche ici consiste à aider certaines PME à faire entrer un grand groupe en tant qu'utilisateur final dans un projet.25 années d'actions en faveur de l'ÉlectroniqueComme son nom l'indique, l'Adeiso, « Association pour le développement de l'électronique et de l'informatique dans le Sud-Ouest », ne s'adresse plus seulement aux seules entreprises de l'électronique. Elle compte désormais au total quelque 130 sociétés des secteurs de l'électronique, de l'informatique et du multimédia.Créée en 1981 essentiellement pour animer et fédérer les sociétés et les laboratoires régionaux de l'électronique, elle s'est ainsi adaptée à l'évolution industrielle en mettant en place un collège informatique il y a déjà plusieurs années ainsi que, plus récemment, un collège TIC-multimédia. Ce dernier compte désormais pour environ 20 % des adhérents. Le secteur se caractérise surtout par la présence de nombreuses PME dans un tissu industriel très atomisé, dont les préoccupations sont différentes de celles des autres adhérents mais proches de celles des sociétés d'informatique. Chaque collège organise des actions propres mais il existe quelques manifestations transversales, notamment dans le domaine économique.Le 25e anniversaire de l'association a, lui, réuni plus de 200 personnes le 23 novembre dernier. Un anniversaire qui s'est déroulé à la fin des journées d'actions et de présentations organisées par les trois collèges, dont le traditionnel Forum électronique aquitain, dans un cadre commun, à Cap Sciences.

« Nous encourageons les PME à porter des projets au sein de notre pôle de compétitivité »

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