Couverture ElectroniqueS n°127

Per Åkerberg occupe depuis peu les fonctions de président et CEO d’Enea, éditeur notamment de l’OS temps réel OSE et de l’intergiciel de haute disponibilité Element. En exclusivité, il nous livre sa vision de l’évolution que connaît aujourd’hui le secteur des logiciels enfouis. Per Åkerberg: “ Le logiciel est désormais vu comme le moteur qui fait la valeur du matériel, d’où les rapprochements de plus en plus étroits entre éditeurs de logiciels enfouis et fabricants de circuits et de cartes ” Vous avez pris vos fonctions de président et CEO d’Enea fin mars 2009. Quel regard portez-vous sur le marché des logiciels embarqués ? PER ÅKERBERG Je crois que nous sommes à l’aube d’une phase de consolidation majeure du marché. Il y a eu – et il existe encore – de nombreux éditeurs de logiciels embarqués qui proposent des produits de niche et qui ne peuvent prétendre, de ce fait, distribuer leur offre sur une échelle globale. Ces vendeurs doivent donc prendre une part active dans le phénomène de consolidation qui démarre, car ils risquent de se voir marginaliser, voire de disparaître du paysage. Enea s’est déjà inscrit dans cette tendance en reprenant, courant 2008, trois sociétés, dont le spécialiste français des piles de protocoles Netbricks. Parallèlement, il est clair qu’il existe désormais une volonté commune des éditeurs de logiciels enfouis et des fabricants de circuits ou de cartes pour s’engager au sein de partenariats étroits et pour développer des solutions commerciales pré-intégrées. Par le passé, les annonces de telles associations n’étaient que de l’encre sur du papier, et les deux partenaires attendaient un premier client commun avant de financer les travaux d’intégration. Cette époque est révolue. Nous devons maintenant collaborer de manière proactive pour intégrer étroitement matériel et logiciel et nous lancer sur le marché. Début 2009, Enea s’est engagé dans un partenariat de ce type avec LSI autour de ses puces multicœurs. Avez-vous un commentaire sur l’acquisition de Wind River par Intel ? PER ÅKERBERG Cette acquisition confirme le lien de plus en plus étroit entre matériel et logiciel. Le logiciel est désormais vu comme le moteur qui fait la valeur du matériel et, à ce titre, la qualité du support logiciel est un élément critique du succès. D’ailleurs, il y a déjà eu par le passé des rachats d’éditeurs par des fabricants de circuits ou de cartes. Je pense notamment à l’acquisition de Microware par RadiSys, à celle de Metrowerks par Freescale, et à celle d’Ericsson Mobile Platforms par STMicroelectronics. Et Intel s’était déjà offert de l’expertise logicielle avec Havok et Opened Hand. Quoi qu’il en soit et quoi qu’Intel en dise, le rachat de Wind River soulève des questions sur le support à venir des architectures non Intel comme PowerPC, ARM ou Mips. Je pense qu’il sera très difficile pour Wind River de garantir aux concurrents d’Intel un niveau de partenariat et de confiance équivalent à celui que l’éditeur proposait en tant que société totalement indépendante… Comment se positionne Enea sur le marché ? PER ÅKERBERG Enea a bouclé 2008 sur un chiffre d’affaires de 87,3 millions d’euros, en progression de 12 % par rapport à l’année précédente. La société a par ailleurs enregistré un bénéfice net de 8,4 Me, en augmentation de 24 % par rapport à 2007. En 2008, les ventes de produits – OS temps réel, intergiciels de haute disponibilité, bases de données, outils, etc. – ont représenté 40 % des activités d’Enea, les 60 % restants étant liés aux services, au conseil et à la formation. Notre objectif à long terme est d’augmenter la part des produits dans notre chiffre d’affaires. Ceci dit, nos clients, dont les trois quarts sont issus du marché télécoms – infrastructures et terminaux sans fil – souhaitent clairement un interlocuteur unique qui soit doté d’une forte compétence en systèmes embarqués et qui puisse disposer à la fois d’un vaste portefeuille de logiciels enfouis et d’une force de frappe conséquente en termes de services proposés. Quelle est votre stratégie vis-à-vis de Linux et de l’Open Source ? PER ÅKERBERG Enea se pose en fournisseur de solutions et, à ce titre, nous sommes complètement agnostiques en termes d’OS depuis 2006. Notre offre associe des produits open source comme Linux et l’intergiciel de haute disponibilité OpenSAF, avec des produits propriétaires comme l’OS temps réel OSE, les protocoles Enea Netbricks, notre propre intergiciel Enea Element, le tout combiné avec nos services de support et de formation. Par ailleurs, nous venons de lancer sur le marché Linux une offre clé en main baptisée EPLF , avec laquelle nous offrons, dans un package unique, les composants clés, les outils et les services qui sont communs à pratiquement tous les projets Linux embarqués. Enea compte ainsi proposer une voie intermédiaire aux concepteurs qui ne souhaitent ni développer leur propre Linux à partir des composants open source disponibles dans le domaine libre, ni faire appel à des distributions Linux embarquées commerciales traditionnelles, celles-ci s’avérant souvent trop riches et exigeant un gros travail de sélection et d’édition avant le démarrage du développement proprement dit.

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