Couverture ElectroniqueS n°127

La distribution européenne de composants progresse car c'est la forme de commercialisation la mieux adaptée à l'industriel, pôle fort du Vieux Continent. Telle est la constatation de Patrick Zammit, responsable européen d'Avnet Composants. L'an passé, le marché de la distribution de semiconducteurs a progressé de 17 % en Europe selon DMASS, alors qu'on n'y parle que de délocalisations. Quelle est l'explication ?Patrick Zammit : le marché européen de la distribution de semiconducteurs est en croissance du fait de demandes soutenues de la part des secteurs de l'industriel et de l'automobile. Or ces secteurs délocalisent peu en Asie. Nous assistons en outre à des retours en Europe de fabrications délocalisées en Asie, pour des questions de meilleure réactivité aux fluctuations des marchés. C'est ce qui explique d'ailleurs la bonne santé de la sous-traitance européenne. Cette année encore, le marché européen de la distribution de semiconducteurs devrait croître de l'ordre de 6 à 7 %.Les progressions sont différentes suivant les divers pays d'Europe. Ce phénomène est-il structurel ou conjoncturel ?Patrick Zammit : c'est structurel. L'Allemagne et l'Italie constituent respectivement le premier et le deuxième marché de la distribution de composants en Europe. Surtout parce que ce sont des pays où les PME du secteur de l'industriel sont très actives, fabriquent sur place puis exportent. En Grande-Bretagne et dans les pays scandinaves, l'externalisation hors Europe est souvent la règle pour les productions de grands volumes. En France, le tissu industriel est plus concentré dans les mains de grands groupes, avec des contraintes qui amènent ces derniers à davantage externaliser et délocaliser qu'en Allemagne. Par rapport à l'Allemagne, la France a moins de grandes PME/PMI qui forment la cible privilégiée de la distribution de composants. Tout comme la Grande-Bretagne qui regroupe de nombreux bureaux d'études faisant appel à la sous-traitance pour la production.Est-ce que l'évasion des designs vers l'Asie est supérieure à la croissance des designs en Europe ?Patrick Zammit : non, l'Europe reste un pays de design. Et l'Asie n'a pas que des avantages : le turn-over des ingénieurs y est très important, ce qui pose des problèmes de stabilité des équipes de conception ; et la protection de la propriété intellectuelle n'y est pas assurée.Peut-on espérer que les sociétés de logistiques puissent encore améliorer leurs services ?Patrick Zammit : les services logistiques sont arrivés à maturité. Mais on peut encore, par contre, optimiser le niveau des stocks et les coûts de transaction. En aidant le client à trouver le meilleur compromis entre le coût de ses achats de composants et le coût de son stock. En effet, si le fabricant d'équipements cherche à réduire son stock, il est amené à fractionner ses achats de composants, ce qui augmente ses frais de transaction. Si, en revanche, il veut d'abord diminuer ses frais de transaction, il réduit le nombre de ses achats de composants, mais doit alors augmenter son stock et donc davantage dépenser pour le maintien de celui-ci. Pour aider le client à trouver les meilleures solutions, nous mettons ainsi à sa disposition une équipe de consultants.Plusieurs sous-traitants de l'Hexagone accusent les distributeurs de ne pas avoir suffisamment de stock. Que leur répondez-vous ?Patrick Zammit : il n'est pas possible de tout stocker pour des raisons évidentes de coût. Aussi choisissons-nous en priorité pour nos stocks des lignes de produits aptes à satisfaire le plus de demandes clients possible. Pour les produits à faible rotation, nous négocions avec le client la constitution de stocks de sécurité. Nous sommes conscients que le sous-traitant est contraint de prendre des affaires comme elles se présentent et ne peut donc, souvent, pas donner des prévisions de commandes fiables. Mais l'amélioration de la supply chain ne peut pas se faire sans prévisions. Seule issue : que les sous-traitants et les donneurs d'ordres améliorent encore leur coopération.En Europe, la distribution par catalogue se lance dans le soutien au design. Qu'en pensez-vous ?Patrick Zammit : traditionnellement, la distribution par catalogue travaille avec une marge bénéficiaire élevée (de l'ordre de 50 %). Si elle décide de cibler les préséries et les petits volumes de pièces, elle change de métier et de marge bénéficiaire.

Patrick Zammit (Avnet Electronics Marketing EMEA) : « l’Europe reste une région majeure pour la distribution mondiale »

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