Couverture ElectroniqueS n°127

Même si dans l'ensemble leurs résultats 2006 sont plutôt bons et les signaux plutôt au vert, les fabricants de semiconducteurs font preuve d'une grande prudence, voire même de pessimisme concernant leurs chiffres pour le début de l'année 2007. Depuis la mi-janvier, les uns après les autres, les fournisseurs de semiconducteurs (avec ou sans usine) et les fondeurs publient leurs résultats 2006 et leurs prévisions pour 2007. Si, à quelques exceptions près, les premiers sont plutôt bons – plus de 70 % des sociétés de notre échantillon affichent en effet des croissances annuelles égales ou supérieures à celles du marché (voir schéma) – les prévisions pour 2007 sont relativement pessimistes, notamment en ce qui concerne les trois premiers mois de l'année, voire la première moitié.Investir avec parcimonieCette prudence va de pair avec économies. Ainsi, de plus en plus nombreux sont les fabricants qui investissent avec parcimonie dans la production de semiconducteurs.Ces fabricants vont-ils, à l'exception notable des plus puissants comme Intel ou Samsung, devenir fabless pour le plus grand bénéfice des fondeurs qui, à l'image de TSMC, tutoient désormais les 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an ? Force est, en tout cas, de noter qu'à l'image de TI (voir encadré), de nombreux fabricants de semiconducteurs ont prévu de réduire leurs investissements dans ce domaine cette année. Des investissements qui, chez certains, deviennent tout juste suffisants pour entretenir les usines existantes, mais notoirement insuffisants pour ajouter de nouvelles capacités de production.Des capacités de production qui, quoi qu'on en dise, sont encore très occupées, voire pour certaines encore saturées. C'est notamment le cas de celles des technologies les plus avancées (Cmos 90 nm et moins). Certes, ces technologies ne représentent pas le tout-venant, une grande majorité des circuits vendus dans le monde est produite dans des technologies moins sophistiquées, mais ce sont les moteurs de l'avenir.Une croissance comprise entre 4,6 % et 12 % en 2007En 2006, selon les chiffres du WSTS, les ventes mondiales de semiconducteurs ont finalement progressé du 8,9 %, à 247 milliards de dollars. La progression pour les trois derniers mois de l'année écoulée n'a été que de 6,8 % en comparaison du 3e trimestre 2006, tandis qu'elle a atteint 9,6 % par rapport au dernier trimestre 2005.A l'exception d'Intel qui influe beaucoup sur les résultats, pratiquement tous les principaux fournisseurs de semiconducteurs ont fait mieux que le marché en 2006. Ce qui ne les empêche pas de faire preuve de prudence concernant leurs prévisions 2007.De fait, selon les uns et les autres, les ventes mondiales de semiconducteurs pourraient croître entre 4,6 % et 12 % cette année, avec une moyenne autour de 9 %.Un mouvement inéluctable vers les fabless ?Texas Instruments a annoncé lors de la présentation de ses résultats annuels un important changement stratégique concernant ses développements technologiques. Plutôt que de continuer à développer tout seul le c&oelig;ur technologique numérique Cmos, ce qu'il a fait avec succès jusqu'à la génération 45 nm, le numéro trois mondial des semiconducteurs travaillera désormais en collaboration avec ses partenaires fondeurs pour les prochaines générations. Ces technologies seront toutefois toujours déployées en production dans les usines de l'Américain. Usines dans lesquelles TI n'a prévu d'investir que 900 millions de dollars en 2007 (1,27 milliard de dollars en 2006), ce qui peut paraître relativement faible. La société maintient toutefois son budget R&D à un très haut niveau : 2,3 milliards de dollars. Les mesures annoncées par Richard Templeton, le CEO de TI, devraient à terme permettre à la société d'économiser 200 millions de dollars par an.TI n'est pas le seul à changer de stratégie concernant le développement (et la production) des technologies numériques les plus avancées. NXP a annoncé son intention de faire de même, ce qui est également le cas de STMicroelectronics et Freescale (voir nos articles page 15). S'agit-il là d'un mouvement inéluctable vers une stratégie fabless ? Peut-être pour les technologies Cmos numériques de base. Les sociétés précitées insistent en effet sur leur volonté de développer des modules propriétaires pour se différentier les unes des autres. Pour les produire elles-mêmes ? La question reste ouverte.

Petit vent de pessimisme chez les fabricants de semiconducteurs

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