Couverture ElectroniqueS n°127

Malgré les promesses de croissance du marché photovoltaïque, les délais de financement des grands projets industriels s'allongent dans ce domaine. Ils sont désormais de près de dix semaines, contre quatre semaines en 2008. Francfort. Face aux promesses de développement à long terme du marché européen du photovoltaïque, les investisseurs portent beaucoup d'intérêt à ce secteur, mais font désormais preuve d'une grande prudence en raison de la crise financière qui affecte cette industrie au même titre que les autres domaines d'activité. Preuve de cet intérêt : plus de 200 personnes ont participé à la troisième conférence internationale consacrée aux investissements dans le photovoltaïque, qui s'est tenue à Francfort, en Allemagne, les 7 et 8 avril derniers. Lors de cette manifestation, les conférenciers ont toutefois souligné que les financements de grands projets industriels sont plus difficiles à trouver. Il faut en moyenne huit à dix semaines pour obtenir un financement, alors qu'il n'en fallait que quatre en 2008, estiment-ils. Ils ont cependant noté que les fondamentaux associés au secteur restent intacts, bien que nous assistions à une baisse des prix des modules photovoltaïques de 10 % à 20 % depuis le début de l'année 2009.Les projets d'un coût inférieur à 50 millions d'euros sont privilégiésWinfried Hoffmann, président de l'EPIA, a notamment présenté une étude, réalisée en collaboration avec AT Kearney, selon laquelle 12 % de l'électricité européenne devraient être produits à partir d'installations photovoltaïques d'ici à 2020. « Cette industrie s'engage ainsi à devenir un fournisseur significatif d'énergie en Europe, et dans un cadre favorable de développement, nous devrions être capables de réduire les coûts de génération de cette énergie de 8 % par an, ce qui représente une diminution des coûts de moitié tous les huit ans », estime Winfried Hoffmann.Christine Lins, secrétaire générale de l'Erec (Conseil européen des énergies renouvelables), qui regroupe les fédérations européennes du secteur, a pour sa part rappelé les principes de la directive européenne sur les énergies renouvelables et en particulier « le triple objectif 20/20/20 » : 20 % d'amélioration de l'efficacité énergétique des produits, 20 % de réduction des émissions de CO2, 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique européenne. La politique européenne en la matière concourt donc bien à un développement du marché à long terme. Mais compte tenu de la crise économique et de la réduction des montants des prêts accordés par les banques, un ralentissement est nettement perceptible. Le risque étant plus important, moins d'institutions financières s'engagent à soutenir ce secteur, et celles qui continuent dans cette voie privilégient des projets plus petits qu'auparavant, typiquement inférieurs à 50 millions d'euros.La conférence a notamment porté sur les moyens nécessaires pour réussir à séduire les investisseurs malgré la crise. Si les situations sont différentes selon les pays, le prix des cellules photovoltaïques reste un élément crucial pour les investisseurs. Les analystes estiment qu'une chute des prix des modules photovoltaïques de l'ordre de 30 % - par rapport au niveau qui était le leur avant la crise - est prévisible en 2009. Les entreprises qui se montreront capables de réduire leurs prix (en raison d'une surcapacité et de l'érosion de la demande dans certains pays) ainsi que les leaders technologiques, devraient être les mieux perçus par les investisseurs. Par ailleurs, les experts du secteur ont confirmé que les projets de qualité se conformant à tous les aspects légaux, depuis leur planification jusqu'à la phase opérationnelle, auront toutes les chances d'être financés. Les investisseurs sont devenus très sélectifs, mais voient toujours dans l'industrie photovoltaïque des opportunités d'investissement, tant dans les projets que dans les entreprises. « Il s'agit de réalisations dont la durée de vie est longue, environ 20 à 25 ans, et le retour sur investissement s'étale également sur une longue période qui est de l'ordre de dix à quinze ans », souligne Gordon Johnson, analyste de la société de capital-investissement Hapoalim Securities. Ce délai inhabituel de retour sur investissement (qui, pour la plupart des autres secteurs, est plus proche de cinq ans que de quinze ans) est compensé par le faible niveau de risque encouru du fait des subventions gouvernementales et des garanties de longue durée accordées par les fournisseurs de modules. En investissant dans l'industrie photovoltaïque, les financiers peuvent prévoir des revenus sur une période de 20 à 25 ans, ce qui est particulièrement sécurisant, à défaut d'être très lucratif. Cela peut être assimilé à un placement à long terme, assimilable sur certains aspects, à l'investissement dans l'immobilier. « Investir dans le photovoltaïque revient à acheter une voiture avec un réservoir qui serait toujours plein », estime, pour sa part, Hubert Aulich, directeur général de PV Crystalox Solar, fabricant de lingots et tranches de silicium polycristallin.

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