Couverture ElectroniqueS n°127

Finalement, l'industrie du semiconducteur ne serait pas arrivée à maturité et son taux de croissance moyen annuel ne ralentirait guère non plus. Les prévisions deviendraient-elles aussi volatiles que les marchés ? Amsterdam – Pénurie ou pas pénurie, quo vadis 2006 ? Les experts présents au récent symposium ISS Europe de l'association Semi(*) n'ont réussi à se mettre d'accord ni sur les taux d'utilisation des usines, ni sur l'évolution des prix en 2006, donc encore moins sur la croissance du marché des semiconducteurs pour cette année. Il y a néanmoins eu un certain consensus lors de cette manifestation : une hausse de la demande en nombre d'unités est chose admise par tous pour 2006… même si la fourchette va de +7 % à +12 %. Un consensus existe aussi sur le ralentissement des investissements des fabricants de semiconducteurs dans leurs capacités de production, l'an passé, avec seulement + 1 %, et même cette année, avec des taux plus élevés (+5 % selon IC Insights, +6 % selon VLSI Research, +8,4 % selon Gartner Dataquest). Les divergences ont surtout porté sur l'influence du ralentissement des investissements 2005 sur les productions et les livraisons sur les marchés en 2006.Hausse des prix moyens de 8 % au moins ?De nombreux investissements auraient en outre porté sur des évolutions technologiques qui, en général, n'ont pas pour effet d'augmenter de façon significative les capacités de production mais plutôt de permettre une plus grande complexité des circuits. « Les décisions d'investissements effectuées aujourd'hui peuvent impacter les ventes au mieux au dernier trimestre de cette année. Avec trois mois de délais de livraison pour les nouveaux équipements et six mois pour les rendre opérationnels avec les rendements nécessaires, du moins dans le front-end, il est trop tard pour changer quoi que ce soit sur 2006, qui sera marqué par des pénuries et des allocations. Sauf, évidemment, si la demande en nombre d'unités devait chuter de façon dramatique à cause d'une baisse de l'économie mondiale ou d'une réduction drastique des stocks. », avertit Malcolm Penn.Bill McClean, lui, croit toujours à une industrie du semiconducteur très volatile, avec des cycles et des pics extrêmes en positif comme en négatif (la hausse de 13 % en nombre d'unités au 3e trimestre 2005 en serait une preuve). Il prévoit ainsi 10 % à 11 % de croissance pour cette année. Il ne croit pas que les taux d'utilisation des usines de production dépasseront les 90 % et quelques, et il ne devrait surtout pas, selon lui, y avoir de pointe à 95 %.En ce qui concerne les prix moyens des semiconducteurs, Bill McClean avance, dans son scénario le plus probable, une fourchette de –3 % à +2 %. Malcolm Penn croit, lui, à une hausse de 12 % de la demande en nombre d'unités, avec une progression des prix moyens de 8 %, au moins. La différence est particulièrement sensible !(*) Le symposium s'est tenu du 12 au 14 février dernier. Le prochain est prévu du 4 au 6 février 2007 à Zurich.Difficultés d'approvisionnements en substrats d'assemblage des pucesSelon Jan Vardaman, présidente de TechSearch International, une réelle pénurie existe aussi au niveau des substrats d'assemblage des puces, pour puces retournées ou à liaisons filaires. Cela surtout depuis l'incendie de l'usine d'ASE en mai 2005. En substrats pour puces retournées, la demande devrait encore dépasser légèrement l'offre en 2006 (la différence était de 2 % en 2005). Dans les substrats à liaisons filaires pour les boîtiers BGA, la pénurie serait nettement plus importante. En 2005, la demande dépassait l'offre de quelque 16 % dans ce secteur, des fournisseurs ayant arrêté cette activité devenue non profitable ! Résultats : les prix ont augmenté de 10 % à 15 %, et les délais de livraison ont atteint 12 semaines ou plus. Autres matériaux à problème : ceux pour les moulages. De nombreux utilisateurs migrent vers des matériaux plus écologiques, notamment sans halogènes, créant une situation tendue dans ce domaine. Ainsi, si 5 % à 40 % du plastique pour les moulages était sans halogènes en 2005, cette part devrait passer à 30 % à 60 % en 2006. Pour les substrats sans halogènes, l'évolution serait plus accentuée : de 15 % à 40 % en 2005 et de 50 % à 75 % en 2006. Conséquences : hausse des prix et/ou délais de livraison plus longs.

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