Couverture ElectroniqueS n°127

L'usine de STMicroelectronics de Rennes, aujourd'hui quasiment fermée, pourrait maintenir une activité industrielle partielle, parallèlement à une reconversion. Mais cela suppose un accord avec ST… Le temps presse. A la date plus ou moins officielle du 15 juin, le silence total pourrait régner dans l'usine de STMicroelectronics de Rennes… sauf si les projets de maintien de l'activité industrielle d'assemblage de composants dédiés aux applications dans le spatial et de diversification vers d'autres domaines que la micro-électronique, soutenus notamment par Rennes Métropole, aboutissent. L'espoir se base sur les résultats d'une étude effectuée par le cabinet de conseil VDI/VDE/IT(1) et présentée il y a quelques semaines aux représentants des collectivités locales (conseil général, conseil régional, Rennes Métropole, etc.) et de l'Etat, via la Direction régionale de l'industrie et la Délégation régionale de la recherche et développement. Cette étude propose trois pistes pour l'avenir du site. Elle préconise tout d'abord le maintien de l'activité pour le spatial, ensuite la mise en place d'une plate-forme de recherche et développement dans le domaine des microsystèmes (le cabinet d'études a des compétences particulières dans ce domaine clé, compétences largement reconnues par le ministère de la Recherche allemand), et, enfin, la création d'une pépinière d'entreprises pour les biotechnologies. La concrétisation de ces projets, en tout ou partie, nécessite toutefois le soutien de ST. Une plate-forme de R&D dans les Mems La deuxième piste proposée par le cabinet VDE/VDI/IT, piste qui porte sur les micro-systèmes, apparaît, elle, aujourd'hui plus compromise. Elle rencontre en effet moins de soutien, autant de la part de ST que des collectivités locales. Pour ST, le projet n'a jamais été vraiment viable. « Le marché des Mems, qui comprend déjà un nombre important d'acteurs, ne représente que 1 % environ du marché des semiconducteurs, avec des prix très élevés, des volumes limités et des perspectives de développement trop incertaines », déclare-t-on ainsi chez ST. « Les principales pistes soulignées par l'étude font aujourd'hui l'objet d'investigations approfondies, à l'exception de la fonderie Mems », confirme Pierrick Massiot. Il est vrai que, dans l'étude du VDI/VDE/IT, le projet Mems supposait un investissement important : 8,6 millions d'euros pour un centre biotechnologies-Mems-encapsulation et 6,7 millions d'euros pour une fonderie Mems indépendante au titre de la seule année 2004, puis 7,5 millions pour le centre bio-Mems-encapsulation et 7,3 millions d'euros pour la fonderie entre 2005 et 2009 ! Pourtant, des travaux visant à une diversification des activités exercées au sein de l'usine en faveur des Mems ont été menés avec un certain succès, selon Pierre-Henri Le Goïc. Ils ont débuté il y a deux ans avec la mise en place, par ST, d'un comité de diversification de l'activité (CDA). Une douzaine de projets microsystèmes, dont des capteurs biochimiques et des puces à cellules (en coopération avec l'Inserm), y ont ainsi été développés. Par ailleurs, un partenariat, soutenu par la Région Bretagne, a même été annoncé avec des industriels et laboratoires de recherche présents à proximité de Rennes dans le cadre d'un projet appelé Genome. Mais la création d'une plate-forme de R&D puis le passage à l'industrialisation supposent des financements que personne ne souhaite s'engager à apporter. « ST a proposé de transférer éventuellement les technologies en place et de fournir des aides pour les diversifications et les créations d'entreprises. Nous avons ainsi communiqué une liste des équipements pouvant soutenir le démarrage d'une plate-forme Mems. Celle-ci aurait pu occuper quelque 30 personnes dans un premier temps pour le développement de produits. Au-delà, le projet consistait à développer l'activité, notamment en attirant des sociétés et des laboratoires de recherche. C'est pourquoi il est dommage que le projet Mems n'ait que peu de chances de se réaliser, sous prétexte que ce secteur est déjà très concurrentiel. Le site de Rennes présente l'avantage de disposer d'un outil industriel existant, suffisamment performant pour le développement de microsystèmes, ainsi que d'employés qualifiés et immédiatement opérationnels », juge Pierre-Henri Le Goïc. Quels qu'ils soient, les projets de diversification ne permettront donc pas de sauver la totalité des emplois qui existaient encore sur le site de ST Rennes il y a quelques mois. Selon les collectivités locales, les choix à effectuer doivent viser une revitalisation du site en misant sur des activités dans des secteurs porteurs, et en maintenant ainsi la porte ouverte à une remontée en puissance, en fonction des besoins du marché. (1) Le cabinet VDE/VDI/IT a été mandaté par Rennes Métropole et la Région. (2) Incidemment, la production encore existante sur tranches de 150 mm à Rousset (près d'Aix-en-Provence) devait également être transférée dans une usine travaillant sur des tranches de 200 mm, usine qui se situe toutefois sur le même site. (3) Un fonds de 7 M d'euros a ainsi été mis en place pour financer des prêts bonifiés aux entreprises créatrices d'emplois. Dans ce cadre, Solutions Plastiques, qui s'implante dans la région, s'est engagée à proposer en priorité 100 emplois aux salariés de ST Rennes.

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