Couverture ElectroniqueS n°127

Bien que durement secouée par la crise, la manifestation américaine SID demeure un évènement incontournable de l’industrie de la visualisation où l’innovation, toujours vivace sur ce créneau, envahit aussi bien les technologies émergentes que celles plus matures. La 47e édition de la manifestation SID, rebaptisée Display Week depuis 2007, a été marquée par un net recul de fréquentation que l’on peut évidemment attribuer en grande partie à la crise économique mondiale (votre encadré ci-contre). Mais crise ou pas, influence record ou pas, cette exposition agrémentée d’une multitude de conférences, tantôt technologiques, tantôt économiques, n’en demeure pas moins un évènement de premier plan dès qu’il s’agit de dénicher les dernières innovations technologiques du moment dans le domaine de la visualisation, innovations qui préfigurent les afficheurs de demain. Ayant pris place cette année à San Antonio, au Texas, du 2 au 4 juin dernier, l’édition 2009 n’a pas dérogé à la règle – même si l’on a pu noter l’absence des grands fabricants taïwanais – en particulier grâce à des écrans LCD-TFT qui, en dépit de leur statut de technologie mature, continuent de nous surprendre quant à leurs perspectives d’évolution technologique (voir notre article en page 27). Comme lors de chaque édition, Display Week constitue également une vaste vitrine du potentiel des technologies d’affichage dites émergentes. Et cette année encore, ce sont les afficheurs à encre électronique et surtout les écrans organiques électroluminescents à matrice active (AM-Oled) qui ont mobilisé toute l’attention des observateurs. Les écrans Oled prêts à conquérir les grands formats ? Plutôt que de dévoiler des prototypes gigantesques dont on sait qu’ils ne verront probablement pas le jour avant plusieurs années, les ténors des écrans AM-Oled se sont surtout évertués à démontrer que cette technologie d’affichage est enfin prête à la conquête commerciale des applications grands formats (10 pouces et plus), un message que Samsung Mobile Display, anciennement Samsung SDI, n’hésite plus à faire passer. Ainsi, les modèles de 14,1 et 31 pouces exposés par le Coréen étaient-ils affublés de la mention Production-ready AM Oled, sous-entendant que les handicaps technologiques liés au procédé de fabrication de ces afficheurs grands formats sont désormais levés. Cela n’indique toutefois pas pour autant que ces écrans vont inonder d’ici à l’été le marché des PC portables, des moniteurs informatiques et des téléviseurs. Samsung affirme néanmoins que les rendements de fabrication de ces afficheurs sont bons et qu’ainsi, leur coût de production pourrait devenir relativement abordable à échéance d’une année. Mais attention aux effets d’annonce auxquels les ténors du secteur nous ont habitués depuis plusieurs années ! Reconnaissons en tout cas les impressionnantes performances fournies par le modèle de 31 pouces, le premier du genre à associer une définition Full-HD de 1 920 x 1 080 pixels, un contraste de 1 000 000 :1, un spectre colorimétrique équivalent à 100 % du standard NTSC et une épaisseur de moins de 9 mm. L’afficheur de 14,1 pouces du Coréen présente, quant à lui, une définition de 960 x 540 pixels, certes un peu légère pour équiper les PC portables mais aisément compatible avec des signaux d’entrée de type Full-TVHD. De son côté, son compatriote et éternel rival, LG Display, a présenté un écran AM-Oled de 15 pouces qui, outre une luminance de 200 cd/ m2 et un contraste de 100 000 :1, propose une définition de 1 366 x 768 pixels (WXGA) cette fois compatible avec une application informatique. Pour clore le chapitre des écrans AM-Oled grands formats, signalons que Seiko Epson a affirmé, lors d’une conférence en marge de l’exposition, que sa technologie d’impression jet d’encre destinée à la production d’afficheurs Oled grands formats (37 pouces et plus) est prête, ce qui est la promesse, sur le papier, de coûts de production modérés. Le Japonais aurait notamment résolu le problème du manque d’uniformité du dépôt des matériaux Oled sur de telles surfaces. La société n’a toutefois avancé aucune date de commercialisation. En ce qui concerne les AM-Oled petits et moyens formats, les fabricants ont également oscillé entre coup de force technologique et réalisme. Samsung Mobile Display a, par exemple, dévoilé une gamme de modèles allant du 3,2 pouces WVGA (854 x 480 pixels) au 7 pouces WSVGA (964 x 544 pixels). En l’occurrence, le modèle de 3,2 pouces est présenté comme celui disposant de la résolution la plus élevée au monde (310 pixels par pouce). LG Display a, quant à lui, mis en avant la finesse de ses petits écrans AM-Oled avec un modèle de 3 pouces épais de seulement 0,42 mm. Enfin, Toshiba Mobile Display, nouveau nom de Toshiba Matsushita Display Technology (TMDT) depuis que Matsushita a revendu ses parts à son ex-associé le 28 avril dernier, a mis en avant la durée de vie d’un afficheur AM-Oled de 4,15 pouces donnée pour 60 000 heures, ou sept ans d’utilisation, entre deux pannes pour une luminance initiale de 200 cd/ m2. Des progrès notoires quant à la durée de vie sont d’ailleurs encore attendus dans les mois à venir, si l’on en croit Dupont qui lance sa 3e génération de matériaux Oled avec des durées de vies annoncées d’au moins 100 000 heures pour ceux émettant dans le rouge et le bleu et de plus de 300 000 heures dans le vert, pour une luminance initiale de 200 cd/ m2 ! Ajoutons à cela quelques prototypes plus exotiques comme ces afficheurs AM-Oled couleur flexibles, voire souples, en particulier ceux dévoilés par le duo LG Display-Universal Display Corp (4 pouces) ou par Samsung Mobile Display (6,5 pouces), afficheurs qui gagnent indéniablement en qualité et se rapprochent, eux aussi, de la phase d’industrialisation. Signalons également des prototypes transparents de 4,8 et 12,1 pouces présentés par le Coréen. L’encre électronique, technologie d’avenir ? L’édition 2009 de SID a également reflété l’engouement actuel de certaines sociétés pour les afficheurs à encre électronique, à l’image du taïwanais Prime View International (PVI) qui a profité de la manifestation pour annoncer le rachat de E-Ink, le spécialiste américain des films à encre électronique (voir encadré page 6). E-Ink revendique d’ailleurs un million de livres électroniques vendus à travers le monde et basés sur sa technologie Vizplex Imaging Film. Des afficheurs utilisant la technologie d’encre électronique ont été présentés par différents fabricants, notamment LG Display, Samsung Electronics et Nec. Tous pilotés par une matrice active, ces afficheurs vont d’un modèle couleur de 10,2 pouces chez Samsung à un écran noir et blanc de 13,8 pouces au format 1 600 x 1 200 pixels chez Nec, en passant par un afficheur flexible noir et blanc de 11,5 pouces chez LG Display. Ce dernier se distingue par ailleurs par une fonctionnalité tactile intégrée, une première pour un écran souple de ce type. Fréquentation en baisse, réduction de 35 % de la surface d’exposition, la 47e édition de la manifestation SID a indéniablement été touchée par la crise. Quelques exemples d’afficheurs innovants Un afficheur flexible à encre électronique intègre pour la première fois une fonctionnalité tactile. Certains écrans AM-Oled couleur sont donnés pour une durée de vie supérieure à 50 000 heures. Ce LCD-TFT 3D de 23 pouces présente une définition Full-TVHD de 1 920 x 1 080 pixels. SID pourrait être transféré en Asie dès 2011 Est-ce la crise économique, la proximité d’un salon taïwanais ou bien encore le lieu, hors des traditionnelles côtes Est et Ouest des Etats-Unis ? Toujours est-il que cette 47e édition de la manifestation SID (Display Week), qui s’est déroulée du 2 au 4 juin au Henri B. Gonzalez Convention Center de San Antonio, au Texas, n’a pas drainé les foules, ni attiré les exposants, d’ailleurs. Plus qu’une chute de fréquentation (les chiffres exacts ne sont pas encore connus avec précision à l’heure ou nous écrivons ces lignes), c’est une baisse de 35 % de la surface d’exposition que déplore l’un des organisateurs de l’évènement, dans un entretien à notre confrère The Korea Times. Il faut dire que les principaux fabricants taïwanais des LCD ont brillé par leur absence, les seuls très grands noms asiatiques de la visualisation présents à San Antonio cette année se limitant à LG Display, Samsung, Sharp et Toshiba. Au point que les organisateurs étudient la possibilité de transférer cette manifestation… en Asie. L’édition 2010 devrait toutefois se tenir à Seattle, comme prévu. Prime View rachète E-Ink pour 215 millions de dollars Prime View International (PVI), fabricant taïwanais d’écrans petits et moyens formats, et la société californienne E-Ink, spécialisée dans les films à encre électronique, ont annoncé officiellement leur mariage lors de la manifestation SID. Cette union, pour laquelle le Taïwanais a dû débourser 215 millions de dollars, concrétise un partenariat de longue date entre les deux sociétés. C’est en effet en 2005 que PVI a débuté le développement et la commercialisation d’afficheurs utilisant l’encre électronique de l’Américain. Ce rachat important symbolise à lui seul l’intérêt actuel que portent de nombreuses sociétés aux afficheurs électrophorétiques. E-Ink devrait d’ailleurs conserver une certaine indépendance en poursuivant les partenariats déjà engagés avec plusieurs ténors de l’affichage ces dernières années. Des cabinets d’études de renom, tels DisplaySearch ou Displaybank, se font également l’écho de cet engouement pour les écrans à encre électronique en leur prédisant un avenir radieux. Des marchés de plusieurs milliards de dollars sont annoncés à l’horizon 2015-2020. Mais il faudra pour cela que cette technologie ne limite pas son champ d’applications aux seuls livres électroniques.

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