Couverture ElectroniqueS n°127

Tout au long du deuxième trimestre, la situation s’est améliorée sur le marché des semiconducteurs. En sera-t-il de même au second semestre? Bien téméraire qui se hasarderait à le dire. Mais tout signe positif, aussi éphémère soit-il, est bon pour le moral du secteur électronique. Lentement mais pas for-cément sûrement, la situation continue de s’améliorer sur le marché des semiconducteurs. Cette embellie liée principalement aux restockages consécutifs au grand nettoyage de la fin de l’année 2008 passera-t-elle l’été ? La réponse à cette question dépend de la situation économique générale qui, elle, reste très fragile… même si les premiers signes de début de fin de crise commencent à montrer le bout de leur nez ici ou là. C’est le cas en France, où la récession perdrait de son intensité selon l’Insee qui entrevoit déjà le bout du tunnel, et où l’industrie automobile se reprendrait à espérer. Le marché français de l’automobile a en effet augmenté de 12 % au mois de mai et le déclin ne serait que de 1,4 % depuis le début de l’année. Les constructeurs du secteur auraient d’ailleurs annoncé à Luc Chatel, à l’époque secrétaire d’Etat à l’Industrie, leur intention de reprendre pendant l’été leur niveau de production des années précédentes. D’autres raisons d’espérer sont à dénicher du côté des téléviseurs en Europe. Un marché qui continue à croître si l’on se fie à la société d’analystes américaine iSuppli qui prévoit que les livraisons de TV en Europe vont augmenter de 3,4 % en 2009, grâce notamment à l’adoption de TV à écrans LCD. Selon l’Américain, cette reprise est liée à une remontée du niveau de confiance des consommateurs dans la zone euro (ce niveau serait repassé à 69,3 au mois de mai, le chiffre au plus haut niveau depuis novembre 2008). La carte SIM semble elle aussi devoir résister à la crise en dépit du recul certain du marché des radiotéléphones (voir notre article page 12). La production électronique toujours en panne en France En tout état de cause, et tout du moins sur le marché des semi-conducteurs, l’heure n’est donc plus à broyer du noir. Les uns après les autres, les prévisionnistes revoient à la hausse leurs prévisions concernant l’évolution du marché non seulement pour l’année courante – qui reste malgré tout catastrophique – mais aussi pour les suivantes. Il faut dire que la chute semble stoppée à l’échelle mondiale, et que la croissance sé-quentielle des ventes mensuelles de semiconducteurs enregistrée en avril dernier est « la plus importante pour un mois d’avril depuis 1996 ». Dixit Malcolm Penn, président de Future Horizons dans la dernière mouture de son rapport mensuel sur l’industrie des semiconducteurs. La situation est toutefois moins rose en Europe et en France où les facturations du mois d’avril sont en recul aussi bien sur un mois que sur un an. Malgré tout, les prises de commandes sur le marché français sont, elles, en légère hausse, signe certain d’un regain d’activité. Ce regain d’activité n’est malheureusement pas vi-sible sur les indicateurs de la production électronique établis par le GFIE (Groupement des fournisseurs de l’industrie électronique). Tous ont viré au rouge au mois d’avril (voir page 8), ce qui n’incite pas Pierre-Jean Albrieux, président du GFIE, à l’optimisme. D’autant plus qu’« il n’y aura pas de plan de relance de l’électro-nique, même s’il ne peut pas y avoir d’avenir sans électronique. En attendant, il faut tenir le coup. Plus on avance, plus on se rapproche de la sortie de crise… Reste à savoir dans quel état », ajoute-t-il. Ce qui n’est pas fait pour rassu-rer la sous-traitance française, inquiète pour le second semestre (voir encadré ci-dessous). Quoi qu’il en soit, les prévisions concernant l’évolution du marché des semiconducteurs en 2009 se situent dans une fourchette comprise entre - 13 % pour le plus optimiste, VLSI Research en l’occurrence, et aux alentours de - 22 % pour les plus pessimistes, parmi lesquels figurent Gartner, iSuppli, Future Horizons et le WSTS, ce dernier prévoyant des hausses de 7,3 % en 2010 et de 8,9 % en 2011. Pour IC Insights, le fond aurait été touché au premier trimestre. Et selon l’analyste américain, qui surveille 61 fournisseurs de semiconducteurs représentant environ 75 % du marché, les ventes mondiales de semiconducteurs pourraient augmenter séquentiellement de 9 % au deuxième tri-mestre après avoir chuté de 12 % au premier trimestre 2009 et de 23 % au quatrième trimestre 2008. Une analyse plus détaillée laisse apparaître une croissance de 4 % pour les 32 IDM (fabricants de circuits intégrés avec usines) étudiés par IC Insights, de 8 % pour les sociétés fabless et de 82 % pour les fondeurs. De son côté, Gartner anticipe une hausse séquentielle de 4,9 % pour les ventes mon-diales de semiconducteurs au deuxième trimestre. Les analystes ne sont pas les seuls à prévoir une amélioration de la situation. Au cours des derniers jours, de nombreux fournisseurs de semiconducteurs ont relevé leurs prévisions concernant leurs ventes au deuxième trimestre. C’est notamment le cas de Qualcomm, Microchip, Texas Instruments, Intersil ou Marvell. Tous invoquent une reprise sensible de la demande notamment sur le marché grand public. Intersil envisage même une hausse séquentielle de 23 à 25 % de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre (+ 15 à 21 % pour Marvell). De son côté, Intel a récemment indiqué que ses usines, dont le taux d’utilisation était tombé à 40 % au premier semestre (un niveau bas histo-rique), devraient tourner autour de 80 % au second semestre. Des éclaircies aussi en afficheurs Le ciel semble également s’éclaircir du côté des écrans LCD avec une forte hausse, aussi bien séquentielle que sur un an, des livraisons de modèles grand format au mois de mai. Eclaircie confirmée par les ventes des fabricants qui, à l’image des taïwanais AUO et CMO, ont enregistré de bonnes progressions au mois de mai comparé au mois d’avril. Côté production de semiconducteurs, des frémissements encourageants se font aussi sentir, avec une légère reprise des commandes d’équipements dédiés (voir notre article page 11) et le retour des commandes chez Soitec. Le fabricant de substrats innovants, leader sur le marché du SOI, anticipe ainsi désormais une croissance séquentielle supérieure à 20 % pour ses ventes au deuxième trimestre. Du mieux en fonderie de semiconducteurs Quant au numéro un mondial de la fonderie, TSMC, il vient de revoir à la hausse ses prévisions d’investissements pour 2009 : ils devraient se situer au même niveau qu’en 2008. Il faut dire que du côté de la fonderie de semiconducteurs, la situation s’est également très nettement améliorée au cours des derniers mois. Selon la société d’analystes américaine iSuppli, le marché mondial de la fonderie de semiconducteurs devrait renouer avec la croissance au deuxième trimestre… après trois trimestres de chute consé-cutifs. Comparé au premier trimestre, les ventes des fondeurs devraient, au deuxième trimestre, progresser de 59,3 %, à 3,6 milliards de dollars. Elles resteront néanmoins très inférieures à ce qu’elles avaient été au deuxième trimestre 2008. iSuppli prévoit ainsi un recul de 25,6 % du marché mondial de la fonderie de semiconducteurs en 2009. La sous-traitance française inquiète pour le second semestre En publiant avant la fin du trimestre des estimations de ces indicateurs d’activité, le Snese, syndicat de la sous-traitance française, a voulu mettre l’accent sur l’inquiétude qui règne chez ses adhérents. De fait, l’indice de confiance continue de s’enfoncer dans le rouge, ce qu’il fait sans discontinuer depuis le troisième trimestre 2008. Quant à la hausse du chiffre d’affaires de la profession (+ 2,58 % par rapport au trimestre précédent), elle n’est représentative, de l’avis du syndicat, que « d’un fonctionnement par à-coups, au gré des incertitudes des clients, ainsi que, pour certaines entreprises, d’un vécu sur des commandes prises fin 2008 ou début 2009 ». Le même constat vaut pour la variation séquentielle (+ 1,3 %) des effectifs de la profession. La réalité semble, en effet, plus difficile que ce que montrent les chiffres : « Les craintes concernant la solvabilité des clients ont encore augmenté », souligne le syndicat dans un communiqué. Parmi les commentaires des adhérents au Snese, citons, pour la partie optimiste, « activité stable mais sans visibilité », et, parmi les (nombreuses) réactions pessimistes, retenons les expressions “ retards de commandes ”, “ annulations de commandes ”, “ recul ’activité et prévision de baisse ” et “ dumping ”. « 50 % de la concurrence directe pratique le dumping », déclare, par exemple, l’un des interviewés. Le Snese met d’ailleurs en garde les sous-traitants contre cette tentation qui mène l’entreprise qui la pratique à sa perte. D.G. Une multitude de petits signes positifs Au mois d’avril, les ventes mondiales de semiconducteurs ont augmenté de 6,5 % comparé au mois de mars. Un record de croissance pour un mois d’avril depuis 1996. Au mois de mai, le marché français de l’automobile a progressé de 12 % et le déclin ne dépasse pas 2 % depuis le début de l’année.Toujours au mois de mai, les livraisons d’écrans LCD grand format ont progressé de 5,4 % comparé à la même période de 2008.Courant juin, un nombre grandissant de fournisseurs de semiconducteurs ont revu à la hausse leurs prévisions de progression de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre. Ce même mois de juin toutefois, les sous-traitants français ont exprimé leur inquiétude pour le deuxième trimestre.

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