Couverture ElectroniqueS n°127

InPhase Technologies et Optware se disent prêts à commercialiser un système de stockage holographique dès 2006. Les premiers disques stockeraient 200 et 300 Go. Lors du salon Storage Visions qui s'est tenu à Las Vegas les 4 et 5 janvier, l'Américain InPhase Technologies a présenté, en collaboration avec Hitachi, un prototype de lecteur-enregistreur sur support holographique d'une capacité de 200 Go sur un disque de 130 mm de diamètre (contre 120 mm pour un CD ou un DVD). La société a annoncé une commercialisation de l'appareil en 2006 et prévoit d'atteindre une capacité de 1,6 To par disque d'ici à 2009. Hitachi, qui a fourni le support de stockage utilisé lors de la présentation, se dit prêt à produire des échantillons dès cette année et espère commercialiser des disques holographiques de 200 Go en 2006 et de 400 Go en 2007.De son côté, le Japonais Optware a développé un système de stockage holographique concurrent, permettant d'enregistrer jusqu'à 300 Go sur un disque optique de 12 cm de diamètre. Basé sur une technique dite “ d'holographie colinéaire polarisée ”, le procédé exploite un système optique plus simple que celui d'InPhase puisqu'il ne nécessite qu'un seul objectif pour diriger le “ faisceau objet ” et le “ faisceau référence ”. La société avait elle aussi présenté un prototype l'été dernier (voir notre numéro du 3 juin 2004). Optware espère également commercialiser un produit pour des applications professionnelles d'ici fin 2005 et envisage de lancer un produit grand public fonctionnant en lecture seule en 2006.Stocker jusqu'à 1 térabit par centimètre cubeEn permettant un stockage des données dans un volume plutôt que sur une surface, le procédé holographique promet des densités de stockage et des vitesses de transfert jusque-là inaccessibles. Au début des années 1990, l'intérêt du stockage holographique a été démontré par plusieurs laboratoires (notamment celui d'IBM à Almaden). En utilisant un cube de cristal de niobate de lithium comme support de stockage, des densités de stockage de l'ordre du térabit par centimètre cube ont ainsi pu être atteintes. Les vitesses de transfert étaient, elles aussi, impressionnantes puisqu'elles étaient de l'ordre du gigabit par seconde.Par ses coûts prohibitifs, le stockage holographique semblait pourtant condamné à rester cloisonné dans les laboratoires de recherche. Deux développements justifient pourtant les récentes annonces de produits. D'une part, les composants électroniques nécessaires, comme les lasers bleus, les afficheurs LCD ou les capteurs Cmos, ont été de plus en plus adoptés dans des secteurs industriels variés (téléphone mobile, téléviseur, DVD haute densité, etc.) et sont devenus d'un prix abordable. D'autre part, des polymères photosensibles, capables de remplacer avantageusement les cristaux jusque-là utilisés comme supports, ont été mis au point par plusieurs sociétés. Ainsi, le Japonais Optware (le seul à avancer un niveau de prix) déclare pouvoir proposer un disque de 1 téraoctet aux alentours de 50 euros, le lecteur-enregistreur devant quand même atteindre “ plusieurs centaines de milliers de yens ”, soit plusieurs milliers d'euros, dans un premier temps.Principe du stockage holographiqueL'hologramme est un schéma d'interférence obtenu par l'interférence de deux faisceaux optiques (le faisceau objet transportant les données et le faisceau de référence, nécessaire à la lecture et l'écriture). En se croisant selon un angle bien précis dans le volume d'un matériau photosensible choisi comme support de stockage, ces faisceaux modifient les propriétés optiques de ce support. Lors de la phase de lecture, il est possible de retrouver le schéma d'interférence grâce au seul faisceau de référence (voir schéma). Plusieurs schémas d'interférence peuvent être ainsi stockés dans un même volume, ce qui autorise des densités de stockage de l'ordre du térabit (un millier de gigabits) par centimètre cube. Les données à stocker sont codées sur un LCD transmissif (modulateur spatial de lumière) sous forme d'images 2D composées de plusieurs milliers de pixels, chacun d'entre eux représentant un bit d'information. Ainsi, plutôt que de transmettre les données bit par bit, le stockage holographique autorise une transmission “ page ” par “ page ”, ce qui permet d'atteindre des débits très importants, de l'ordre du gigabit par seconde.

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