Couverture ElectroniqueS n°127

Le président du CSA a évoqué récemment « une tentative d'OPA » des opérateurs télécoms sur les fréquences réservées à la télévision. Une expression révélatrice de l'importance des problèmes posés. Plantons le décor : d'un côté tout le monde de l'électronique et de l'audiovisuel prend conscience que la réception de la télévision sur les mobiles va se généraliser dans les années à venir et sous des formes multiples. Deux catégories principales d'acteurs peuvent prendre des initiatives : les opérateurs de télévision, maîtres des choix des contenus vidéo et de leur diffusion sur différents médias (TF1, TPS, Canal Satellite…) et les opérateurs télécoms, les plus importants vendeurs de récepteurs mobiles, très à l'écoute des souhaits des consommateurs. D'un autre côté, seules les fréquences de 100 MHz à 1 GHz se prêtent très bien à la fois à la transmission de plusieurs canaux vidéo dans les bandes de fréquences existantes et à la pénétration des ondes dans les bâtiments, condition indispensable à une réception généralisée sur les mobiles. L'essentiel de ces ondes est historiquement lié à la diffusion télévisée(*). Cette dernière relevant de la responsabilité du CSA, c'est lui qui aura la charge d'accorder les autorisations d'émettre des programmes télévisés vers les mobiles, qu'il s'agisse de programmes traditionnels ou de nouveaux types de programmes adaptés à la réception sur de très petits écrans. Le CSA n'est pas fermé à l'apparition de nouveaux programmes ou de nouvelles formes de programmes, mais la fougue des opérateurs télécoms pour demander des fréquences expérimentales sur le fameux multiplexe de la télévision numérique R5, actuellement encore “ ouvert ”, l'agace : selon lui, un opérateur télécoms ne peut pas se transformer d'un coup de baguette magique en opérateur de télévision. Conscients du problème, les opérateurs télécoms parlent de “ complémentarité ” et de “ nécessaire coopération ” avec les opérateurs de télévision. Mais soyons francs : l'enjeu est bien de savoir lequel des deux types d'opérateurs va être maître d'&oelig;uvre des expérimentations. Les opérateurs de télévision pourraient partir favoris car ils maîtrisent les contenus et peuvent diffuser vers n'importe quel type de récepteur TNT/DVB-H. Mais encore faudrait-il qu'ils en soient conscients et qu'ils aient envie de se battre pour cela. Les déclarations des dirigeants des chaînes de télévision nous laissent penser que, à l'heure actuelle, TF1 a bien compris l'enjeu du problème ; à l'opposé, France Télévision est prêt à vendre ses programmes aux opérateurs télécoms. Les autres se situent entre ces deux extrêmes. Dans le camp d'en face, les trois opérateurs télécoms ont d'ores et déjà tout compris et sont sur le “ qui-vive ”. Une opportunité formidable pour les opérateurs TV Sur les quatre types d'applications que nous avons distingués pour la TV sur mobiles (voir notre numéro du 11 novembre), trois apparaissent comme pouvoir être entièrement contrôlés par les opérateurs de télévision avec leurs programmes usuels : la réception d'intérieur sur téléviseur secondaire sans prise d'antenne extérieure, la réception personnelle d'intérieur ou dans les transports sur mobiles de poche (mais à écran de 8 cm à 10 cm de diagonale pour garantir une bonne qualité d'image) Nokia y croit beaucoup , et la réception sur un écran plus grand intégré dans le dos des sièges avant des voitures. Ces différentes formes de réception exigeront un réseau d'émetteurs TV complémentaires dont la densité est comparable à celle d'un réseau GSM. TDF et TowerCast disposent de sites d'émission qu'ils louent aux opérateurs télécoms ; ils pourraient donc les louer aux opérateurs de télévision voulant être reçus partout ; mais il n'est pas évident que les opérateurs télécoms accepteront de louer à ces derniers leurs propres sites. Par ailleurs, côté récepteurs, qui fournira ceux de la “ réception TV personnelle ” ? Les opérateurs télécoms, qui leur associeraient leurs services interactifs ? Les grandes surfaces, qui pourraient vendre des récepteurs nomades dédiés ?… Ou les opérateurs de télévision, qui verraient là une opportunité pour vendre ou louer un décodeur miniaturisé (à “ grand ” écran intégré) avec services à valeur ajoutée à la clé ? Pour la réception de bouts de programmes télé reformatés pour les écrans de 2 pouces des mobiles actuels, les opérateurs télécoms maîtrisent le parc des récepteurs et ne laisseront sûrement pas échapper une telle opportunité de fournir un service complémentaire des services vidéo à la demande d'ores et déjà diffusés en 3G. D'autant qu'ils connaissent bien, eux, les réseaux d'émetteurs susceptibles d'atteindre les mobiles à l'intérieur des habitations… Belles bagarres en perspective ! (*) Il y a plus de cinquante ans, le choix de ces ondes s'est justifié par le fait qu'elles étaient les seules possibles à la fois pour diffuser de la télévision et pour être reçues par du matériel grand public d'un coût acceptable.

TV sur mobiles : luttes de pouvoir inévitables

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

TV sur mobiles : luttes de pouvoir inévitables

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure