Couverture ElectroniqueS n°127

Microvision a développé un système de projection couleur miniature, pas plus grand qu'un carré de chocolat, pouvant s'intégrer dans un radiotéléphone et fournir des images de la taille de celles d'un écran de PC portable. Le boom spectaculaire des radiotéléphones a constitué le principal moteur pour tirer le marché des afficheurs petits formats vers des sommets. Au nom de la sacro-sainte convergence, ce secteur tente aujourd'hui d'imposer la venue de la télévision dans nos portables. Un concept certes séduisant, mais qui ne va pas sans poser problème, ne serait-ce qu'au niveau de l'affichage. Malgré l'amélioration continuelle des performances des écrans dédiés, on peut en effet légitimement s'interroger sur l'intérêt de regarder une vidéo ou son programme télé préféré sur un afficheur de 2 pouces. Même si ce dernier dispose d'une définition native QVGA, voire VGA, on fait mieux comme confort visuel ! C'est à partir de ce constat que Microvision a bâti sa stratégie.Pour cette société américaine, créée en 1993, la solution à ce problème passe par son module miniature PicoP, un système de projection couleur suffisamment compact pour qu'il trouve sa place au c&oelig;ur même du radiotéléphone. Pas plus grand qu'un carré de chocolat et épais d'à peine 8 mm (voir photo), ce module, présenté lors du dernier Consumer Electronics Show qui s'est déroulé début janvier à Las Vegas, transforme ainsi un appareil nomade en microprojecteur capable de visionner des images d'un format équivalent à celui d'un écran de PC portable.Le principe du PicoP repose sur l'utilisation de diodes laser spécifiques associées à un microsystème (Mems*), la spécialité de Microvision. Chaque module intègre un jeu de trois diodes laser RVB provenant de deux fournisseurs attitrés : Novalux et Corning. Si ce dernier est resté vague sur la technologie employée, Novalux, lui, a confirmé qu'il s'agissait de NECSEL (Novalux Extended Cavity Surface Emitting Laser), déclinaisons améliorées des diodes laser à cavité verticale, ou VCSEL*, qui, selon la société américaine, reprennent les qualités intrinsèques de ces dernières (faisceau circulaire, coût potentiellement réduit) tout en délivrant une puissance optique supérieure, un faisceau de très faible divergence et, surtout, une émission jusque dans le vert et le bleu. Les trois composantes RVB sont ensuite « mélangées » pour former un faisceau dont l'intensité lumineuse et les coordonnées colorimétriques sont déterminées par la modulation de puissance des trois lasers les uns par rapport aux autres. Le faisceau résultant est enfin envoyé sur un Mems.Commercialisation en 2008 ?Contrairement aux microécrans DLP, basés sur une matrice de micromiroirs, ou aux valves GLV, construites à partir d'une rangée de lames réfléchissantes, le Mems de Microvision intégré dans les modules PicoP ne dispose que d'un seul micromiroir d'environ 1 mm2 pivotant autour de deux axes. En synchronisant l'intensité lumineuse des lasers et le mouvement du micromiroir grâce à une boucle d'asservissement qui sonde la position de ce dernier et en informe les modulateurs des lasers RVB, le Mems construit chaque image en balayant le faisceau de gauche à droite et de haut en bas, à la manière d'un tube cathodique en mode progressif. Compte tenu de la fréquence de modulation des lasers et de la vitesse de déplacement du micromiroir, ce dispositif peut ainsi créer 30 millions de pixels couleur par seconde. Rapporté à une fréquence de rafraîchissement de 60 Hz, cela revient à afficher, dans le meilleur des cas, des images couleur SVGA de 800 x 600 pixels.Il existe néanmoins un bémol : la relative faiblesse de l'intensité lumineuse des lasers impose de projeter les images dans un environnement assez sombre. Autre point à éclaircir : la disponibilité des sources laser, notamment celles émettant dans le bleu et surtout le vert. Si Corning reste muet sur sa technologie, le géant américain de l'optique et de l'optoélectronique semble néanmoins offrir les meilleures garanties en termes d'industrialisation et envisage d'échantillonner, dès cette année, des diodes laser dédiées. Séduisant sur le principe, ce concept doit par ailleurs être validé. Selon Microvision, plusieurs fabricants de radiotéléphones auraient déjà manifesté un vif intérêt. Quoi qu'il en soit, Microvision se donne de douze à dix-huit mois pour commercialiser son module PicoP. L'Américain envisage également de réaliser, à l'horizon 2009, des systèmes d'affichage tête haute à partir de cette technologie de microprojection.* Cf Lexique en page 44

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