Couverture ElectroniqueS n°127

La start-up française iNanov ambitionne de mettre au point une technologie d'écrans plats flexibles grands formats à base de nano-tubes de carbone et de commercialiser ses premiers produits dès 2006 ! « C'est en faisant de la CAO avec mon très encombrant moniteur CRT et après avoir lu un article sur les nanotubes de carbone que m'est venue l'idée de la Nanopage. C'était en 1998 », se souvient Jean-Chrétien Favreau. En 2002, cet architecte-inventeur, comme il se définit, a fondé iNanov, start-up qui a pour vocation de créer, grâce à cette technologie, des écrans couleur de grandes dimensions à la fois souples, légers, solides et faciles à produire(*). Il s'agit d'un projet pour le moins ambitieux puisque aucune technologie n'est, à ce jour, capable de relever un tel défi. La Nanopage est une “ toile électronique ” souple constituée d'une matrice de microtubes cathodiques (MicroCRT) disposés dans une nappe polymère (voir schéma). Chaque pixel couleur est composé de trois MicroCRT, chacun d'eux étant constitué d'une ampoule miniature recouverte de luminophores rouges, verts ou bleus et contenant des nanotubes de carbone en guise d'émetteurs d'électrons. Une différence de potentiel est appliquée aux bornes de la matrice via deux nappes conductrices souples. De plus, chaque microtube contient à sa base une puce d'adressage. « Les microtubes sont pilotés individuellement et cette puce, développée pour nous par l'Imec, possède sa propre adresse qu'elle reconnaît sur le bus de données, ce qui permet de s'affranchir de la structure lignes/colonnes traditionnelle et ainsi de réaliser des écrans souples et de les découper selon la forme désirée », nous explique Jean-François Peyre, directeur R&D d'iNanov et ancien responsable produits chez Pixtech. « La fonction de cette puce est aussi de mesurer la lumière émise par le microtube et de contrôler son allumage pour obtenir le niveau de luminance demandé par les données vidéo reçues par la puce, avec, à la clé, la correction des non-uniformités des pixels venant de la fabrication et/ou de leur vieillissement différentiel », ajoute-t-il. Grâce à ce procédé, iNanov vise une durée de vie de 30 000 heures.Des écrans de 4 x 3 m pour commencerLa technologie Nanopage évite également les problèmes de focalisation et de recouvrement des électrons émis par des pixels adjacents, chaque pixel étant confiné dans une ampoule sous vide. Mais, pour M. Peyre, l'avantage le plus intéressant est que « cette technologie casse la dynamique infernale des écrans rigides, qui nécessitent des investissements gigantesques pour les grands formats. Nous n'avons pas besoin de 100 M$ pour construire une ligne pilote : moins de 5 M$ suffiront », affirme-t-il ainsi. Pour l'heure, la start-up a développé et breveté avec l'université de Lyon (laboratoire de M. Binh Vu Thien) un procédé faible coût permettant la croissance sur un fil de 0,5 mm de diamètre de nanotubes de carbone droits et régulièrement espacés, des conditions nécessaires à une émission électronique efficace. Des prototypes de MicroCRT ont également été réalisés à partir de ces nano-tubes encapsulés dans des ampoules du commerce de 3 mm de diamètre, avec des résultats encourageants. Au moins 3 000 V sont nécessaires à un fonctionnement efficace des luminophores. Compte tenu des dimensions des ampoules disponibles, iNanov vise, dans un premier temps, des écrans très grands formats avec pixels de 5 mm (composés d'ampoules de 3 mm), puis pixels de 2 mm (avec ampoules de 1 mm). L'affichage dans les lieux publics sera donc le premier créneau visé, avec l'afficheur à DEL comme principal concurrent. Le premier écran de la société sera un modèle SVGA (800 x 600 pixels) 16 millions de couleurs de 4 x 3 m constitué de modules jointifs de 50 x 50 cm. La start-up estime qu'il disposera d'un contraste d'au moins 500:1, d'une luminance de 1 000 cd/m2, le tout pour une épaisseur de moins de 10 mm et une consommation de 1,3 kW en fonctionnement vidéo (un écran à DEL sub-VGA de cette taille consomme entre 4 kW et 8 kW, selon iNanov).Bien que la société mise sur un échantillonnage de ces écrans dès 2006, iNanov et ses partenaires doivent d'abord réaliser un prototype, sur lequel ils travaillent d'arrache-pied, puis mettre en place un procédé industriel. L'échéance 2006 semble, à première vue, bien utopique. « Je pense au contraire que l'objectif est à notre portée car nous bénéficions de l'expérience du Léti et de Pixtech, rétorque M. Peyre. Nous allons notamment utiliser les équipements du Léti pour prototyper très vite le procédé industriel, le but étant d'automatiser les phases d'encapsulation des nanotubes dans les ampoules et d'intégration des MicroCRT dans la nappe polymère. » La société vise un coût de production de 1 centime d'euro par microtube, soit moins de 15 000 euros pour l'écran précité. C'est 4 fois moins qu'un afficheur à DEL sub-VGA de mêmes dimensions, selon iNanov.(*) iNanov a déposé 6 brevets nationaux et internationaux sur la technologie Nanopage et a obtenu une levée de fonds fin 2002. La société attend actuellement le résultat d'un second tour de table.

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