Couverture ElectroniqueS n°127

La voiture électrique sera l’un des principaux bénéficiaires du grand emprunt à hauteur de 900 millions d’euros. Ce montant servira à financer une partie du plan d’infrastructures de recharge dont le coût total est estimé à 1,5 milliard d’euros. L’automobile est et restera l’un des grands fleurons industriels de la France. Ainsi en a décidé le gouvernement. Il vient en effet d’annoncer le lancement d’un plan national pour le développement des voitures électriques et hybrides en quatorze actions concrètes (voir encadré), sans oublier un financement conséquent que beaucoup de secteurs industriels, dont l’électronique, lui envieront certainement. Pour le gouvernement, il s’agit de créer « l’équipe de France de la voiture électrique », c’est-à-dire une filière complète capable de jouer l’un des tout premiers rôles mondiaux dans ce domaine. Des opportunités pour la filière électronique A moyen terme, la voiture électrique procurera néanmoins des débouchés non négligeables à l’électronique en termes de batteries et d’infrastructures de recharge (une connectique adaptée, des systèmes de comptage de l’électricité consommée et des sous-ensembles monétiques seront notamment nécessaires). Le gouvernement a décidé de mettre les bouchées doubles dans ce domaine et assure – c’est une première – que la voiture électrique sera l’un des principaux bénéficiaires du grand emprunt à hauteur de 900 millions d’euros pour financer une partie du plan d’infrastructures lié à son développement. 125 millions d’euros seront en outre apportés par le FSI (Fonds stratégique d’investissement) à l’usine de batteries de Renault, à Flins (Yvelines). Enfin, 250 millions d’euros seront affectés aux différents constructeurs installés en France qui comptent s’investir dans le domaine de la voiture électrique (Renault, PSA, mais aussi Heuliez, Daimler et Dassault). De nombreux lan-cements de véhicules sont annoncés sur la période 2010-2012. Le coût du développement de cette nouvelle filière est estimé à 1,5 milliard d’euros, uniquement pour les infrastructures publiques de recharge des voitures, qui ne représenteront que 10 % des points de charge totaux prévus par les pouvoirs publics à l’horizon de 2020. Les 90 % des prises restantes seront laissés à l’initiative du secteur privé, soit dans l’habitat classique, soit dans les entreprises. Outre les 900 millions d’euros apportés par le grand emprunt, les communes concernées par les infrastructures de recharge devraient apporter le solde, soit 600 millions d’euros. Concernant ces infrastructures, des prescriptions réglementaires sont déjà prévues. Pour des raisons de sécurité, il faudra installer des prises dédiées à la recharge chez les particuliers, qu’ils soient en habitation individuelle ou en copropriété, de même que dans les lieux publics (par exemple dans les centres commerciaux) désirant proposer à leurs clients de recharger leurs batteries. La charge d’un véhicule ne pourra être effectuée qu’à partir d’une installation électrique protégée par un disjoncteur différentiel « classe A, 30 mA et mise à la terre » compatible avec les câbles européens trois fils (terre, phase, neutre). Cinq paliers techniques de puissance seront proposés en fonction des contraintes technologiques, aussi bien sur les réseaux électriques que sur les batteries et leurs chargeurs. Ces paliers autoriseront un temps théorique de recharge complète de la batterie d’un véhicule 100 % électrique allant d’environ 8 heures pour une puissance de 3 kVA à 10 minutes pour une puissance de 150 kVA. Le chargeur de la batterie devra être embarqué dans le véhicule, au minimum jusqu’à 24 kVA, ce choix permettant de disposer d’infrastructures universelles, indépendantes du type de véhicule à recharger. 4,4 millions de points de rechargement d’ici à 2020 Le déploiement dans de bonnes conditions des infrastructures de recharge est essentiel au développement du marché des voitures électriques. Aussi, une filiale d’ERDF va-t-elle être créée pour gérer un réseau de 75 000 bornes publiques de recharge d’ici à 2015. Le ministère de l’Ecologie vise un réseau de 4,4 millions de points de rechargement d’ici à 2020, ce qui devrait représenter à cette échéance, un investissement de plus de 4 milliards d’euros. Une expérimentation d’échanges de batteries développée par la société Better Place pour Renault devrait démarrer avec les taxis en Ile-de-France. A Paris, le maire, Bertrand Delanoë, va lancer un appel d’offres Autolib avant la fin de l’année. Ce système devrait compter plus de 3 000 voitures électriques en libre-service dans un millier de stations réparties entre Paris et les communes franciliennes participantes. Le gouvernement table ainsi sur un parc de 15 000 véhicules en 2010, 450 000 en 2016, 2 millions en 2020 (ce qui correspondrait à 16 % du marché automobile total), et 4,5 millions en 2025. Il s’attend à ce que ce développement génère 15 milliards d’euros de revenus en 2030, et permette de réduire de 3 % les émissions de CO2 en France à partir de 2020. Pour parvenir à ces résultats, le gouvernement sait qu’il faut, dès aujourd’hui, favoriser la R&D dans le domaine des batteries. En particulier, la plate-forme Steeve (Stockage d’énergie électrochimique pour véhicules électriques) de Grenoble et Chambéry, inaugurée récemment par le ministre de l’Industrie, fait partie du dispositif global d’expérimentation voulu par le gouvernement. Consacrés au développement de prototypes de batteries, ses investissements seront de 11 millions d’euros, dont 7,8 millions d’euros apportés par l’Etat. Dans ce cadre, le ministre a également décidé d’accorder 1,8 million d’euros à l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) dans le domaine des batteries. Enfin l’Etat financera la plate-forme Moveo-DEGE sur le plateau de Satory à hauteur de 6 millions d’euros. Il s’agit d’un centre d’excellence regroupant les moyens et compétences, afin d’accélérer les développements et la validation de véhicules décarbonés, sur la base de systèmes électriques et hybrides innovants. Le gouvernement table sur un parc de 15 000 véhicules en 2010, 450 000 en 2016, 2 millions en 2020 (ce qui correspondrait à 16 % du marché automobile total), et 4,5 millions en 2025. Peugeot Ion, Bolloré Blue car, BMW Mini-e, Smart Fortwo ed, Heuliez Friendly, Renault Kangoo ZE Les principales actions du plan gouvernemental Des démonstrateurs d’infrastructures de charge seront lancés dès 2010. L’Ademe y consacrera 70 millions d’euros. Les véhicules décarbonés seront intégrés dans les nouvelles solutions de mobilité du type Vélib (un projet Autolib a été lancé par la ville de Paris), autopartage, covoiturage. Un appel à projets “ mobilité ” doté de 25 millions d’euros sera lancé par l’Ademe. Une filière batterie va être créée. Renault mettra en place une usine à Flins, en partenariat avec le CEA pour un investissement de 625 millions d’euros. Ce site produira 100 000 batteries lithium-ion par an au démarrage et 250 000 batteries par an à terme. Les grands groupes et les administrations achèteront 100 000 véhicules électriques d’ici à 2015, et se sont déjà engagés en ce sens à hauteur de 50 000 voitures. Un appel d’offres sera lancé dès la fin de cette année. Un “ super-bonus ” de 5 000 euros sera attribué aux acheteurs de véhicules jusqu’en 2012, à condition que leurs émissions de CO2 soient inférieures à 60 g/km2. Dès 2012, les constructions d’immeubles de bureaux et d’habitations avec parking intégreront obligatoirement des prises de recharge. Des démarches de normalisation d’une prise unique au plan européen, quelle que soit la puissance de charge, seront engagées. Un accord exemplaire vient d’ores et déjà d’être trouvé par le groupe de travail franco-allemand sur les caractéristiques techniques d’une prise commune et unique. Le marché de la voiture électrique va enfin devenir une réalité Les constructeurs nationaux, comme leurs concurrents étrangers, prévoient le lancement des premiers véhicules électriques en grande série dès la fin 2010, et des premiers véhicules hybrides à partir de fin 2012. Renault a annoncé quatre modèles de véhicules électriques (avec une Kangoo et une Mégane en 2011, puis une voiture de type Clio en 2012). PSA commercialisera fin 2010, un petit véhicule électrique Peugeot-Ion, développé avec le japonais Mitsubishi, puis un autre sous la marque Citroën, et un utilitaire léger développé en partenariat avec Venturi. La commercialisation de la Friendly par Heuliez est également prévue en 2010. Enfin, le groupe Bolloré a annoncé la commercialisation en 2010 de la “ Blue Car ” développée par l’italien Pininfarina, et utilisant une technologie française de batteries au Lithium Métal Polymère. L’usine de production des batteries a été installée près de Quimper. Au plan européen, BMW a choisi la France pour une nouvelle expérimentation de sa voiture Mini électrique et Daimler y produira les premières séries de sa Smart électrique.

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